Pratique du Zen, Zen Pratique du silence
Kusen de Jean-Marc Bazy entre Lyon et Shoelcher le 05 octobre 2013
Je sors de la conférence de rentrée que l’on organise tous les ans et dont le thème était cette année : « Pratique du Zen, Zen Pratique du silence », et le sous-titre était «le zen, une graine de paix dans un océan de vacarme ».
Parler du silence est déjà en soi un paradoxe, puisque dès que j’en parle, je le supprime, j’anéantis le silence. Et les questions qui vont avec : est-ce que le silence peut s’exprimer ? est-ce que le silence nous parle ?
Du coup, comme cette présentation s’adressait à un public de débutant, deux parties ont été développées : la seconde, la plus petite en temps, est en fait la plus importante.
- Tout d’abord, le silence comme une ressource : je vais me ressourcer dans le silence
- Le silence comme une communication, ce qui est certainement plus déroutant et compliqué.
L’accroche de la conférence était : «j’en ai marre du bruit. Le silence est quelque chose qui va m’aider me remettre dans une « re-source ». Cette nécessité apparait parce que j’en ai marre de cette agression, de ce tumulte fatiguant, de cet environnement trop bruyant, y compris dans ma propre tête dans laquelle il y a beaucoup de vacarme, beaucoup de dialogues en tout cas.
Dans quelle mesure le silence peut-il donc être une ressource ?
Evidemment la méditation est une pratique autour du silence, qui est fondée sur le silence et qui est silence. Le zen est construit autour de cette discipline du silence, donc c’est évidemment très important que de souligner la dimension du silence dans le zen.
Alors est ce que le silence c’est de fermer nos oreilles ? Forcément, dans un dojo, on va sur ce terrain, en étant plutôt en recherche d’un silence extérieur qui favorise le silence intérieur.
A ce sujet, je voudrais faire un court développent sur la dimension rituelle de la pratique. Il faut insister sur le fait que Gassho n’est pas un rituel, c’est la prise de conscience que je joins ma main droite et ma main gauche. Le fait de s’incliner est évidemment respectueux, mais signifie surtout que je me rapproche : du coup, le fait de se rapprocher contribue à couturer du lien.
Donc, le fait de rentrer dans un dojo avec un certain ordonnancement, dans un lieu calme et paisible, est tout un cérémonial de fabrique de silence, qui est favorable à ce que le silence intérieur advienne.
Et alors, qu’est ce qui va se passer lorsque le silence intérieur se fait, avec cette dimension très importante que les pratiquants connaissent bien : le fait de faire taire les commentaires intérieurs, les jugements, les idées toutes faites, les moules, le préfabriqué de la pensée, qui souvent n’est pas conscient.
Donc, on voit bien que petit à petit, ce silence est cause et condition de lucidité, que tant que la place est occupée par toute sorte de préoccupations, qui occupent l’esprit, je n’ai pas un mental silencieux.
Alors, on va faire cette découverte assez vite, le silence extérieur favorisant le silence intérieur, je vais voir que ma vraie nature, et ma véritable nature est silencieuse, comme ce miroir qui renvoie tout, comme le lac de montagne, un fleuve ou une mer d’huile qui ne bouge pas. C’est un mirroir complètement fidèle. Parce qu’il est silencieux, il est fidèle.
Ce silence apporte aussi une réelle clairvoyance : on sent d’évidence très vite, sans même être bouddhiste ou pratiquant que cette vertu, que cette discipline de ne plus faire de commentaires, ouvre sur la porte de la clarté, de la lucidité, certains diraient de la lumière.
Dans cette dimension du silence, il y a également cette facette importante , que le silence est respect.
Et ce n’est justement pas un silence qui se bouche les oreilles : c’est au contraire un silence qui ouvre les yeux et les oreilles, c’est un silence de vigilance et d’attention.
Revenons donc à cette ressource que constitue le silence: parce que je n’ai pas de silence, j’en demande, je m’ouvre à cette dimension.
Dans cette dimension du silence ressource, il y a plusieurs niveaux :
Le silence est un soulagement,
Le silence est un un dépouillement : d’ailleurs les dojos zen son t souvent organisés avec des murs blancs, ils sont dépouillés, ce qui favorise une moindre distraction.
Le silence signe la véritable attention, c’est-à-dire, lorsque mon esprit est comme le lac de montagne ou comme la mer d’huile, il est réceptif, il n’est pas distrait, il est donc connecté.
Le silence est aussi une sorte d’antidote à la colère, a l’irritation aux démangeaisons, aux prémices du combat. On voit que cette dimension du silence est directement corrélée à cette dimension du silence-patience, c’est à dire : je ne fais pas de commentaire par rapport à tout ce qui arrive. Je ne vais pas dans le système des censures : tout ce qui viens d’ans l’esprit je l’accueille, tout ce qui vient dans le champ de ma perception, je l’accueille. Si je suis un silence sourd, je n’entends rien : ce n’est pas de cela dont il est question.
Il y a aussi une dimension du silence que l’on peut qualifier de thérapeutique: je vous renvoie à la lecture du dernier numéro de Science&Vie (N° 1153).
Lacan avait développé, que l’inconscient, comme la névrose, est structuré comme un langage et que du coup, faire silence, c’est déstructurer la névrose. Evidemment il y ce risque que l’on se dise : « je vais déstructurer ce langage en gardant ma langue ». Amusant jeux de mots qu’affectionnait Lacan…
Il y a un ouvrage intéressant dans la dimension du silence-thérapie : « La voie Zen pour vaincre la dépression» de Philippe Martin (Latès)
Donc, dans cette dimension du silence thérapie, il y a cette image classique du buddha historique avec ce moudra de la main, verticale paume vers l’avant et qui signifie « arrêtez le combat ». Dans ce geste il ne parle pas : ce geste qui est plein de signification.
Quelques citations :
Garde tes reproches en toi- même (proverbe Tibétain)
Une pensée de Shunryu Suzuki: si tu veux maitriser ta vache, donne lui une prairie plus spacieuse. Dans cette idée de cette prairie plus spacieuse, il n’y a pas de barrière. Dans le mental il ya des barrières, dans le silence il n’y a plus de barrière, ce qui renvoie à cette dimension de l’esprit qui est comme le ciel ou comme la mer d’huile : on ne sait pas bien ou ça commence et ou ça finit ; cela donne du champ. Le silence donne de l’espace, de la profondeur.
On arrive assez vite à cette idée que lorsque l’on a fait du silence une sorte d’impératif, cet idéal psychologique renvoie à des notions très importantes de maitrise de soi. Le silencieux est celui qui maitrise son mental. Une sorte de sorte de conduite sociale modélisée, gouvernée par le silence.Le silencieux a cette image.
Il y a évidemment, le contre balancier auquel il faut faire extrêmement attention: le silence ne soit pas être le signe de l’ignorance. Je me tais parce que je ne sais pas.
Voici quelques autres citations :
Parle si tu as des mots plus forts que le silence, sinon garde le silence (Euripide) : si tu rentre dans un bavardage, cela ne sert à rien.
Un proverbe bulgare : le silence irrite le diable
Le fait également, que celui qui sait peut ne pas parler : il y cette image du sage, celui qui sait, ne dit pas qu’il sait. Il y a deux écoles dans le bouddhisme zen : il y une école très rigoriste qui dit que le zen c’est ne pas parler et s’abstenir de tout commentaire.
Il y a ce que dit Dogen : s’il n’y avait pas l’enseignement, comment serait-il possible de guider les autres, d’expliquer aux autres ? Donc, il est évidement nécessaire d’avoir un support de communication pour pouvoir transmettre. Et ceci, bien que le fonds de la transmission soit en dehors des mots et de tout langage. Vous connaissez cette phrase de Bodhidharma à l’empereur Wudi : Qu’est-ce que la voie ? C’est au-delà de toute écriture. C’est comme la transmission du Bouddha qui est de cœur à cœur, d’âme à âme, d’esprit à esprit : il fait tourner la fleur entre ses doigts et Mahakashyapa, silencieux, sourit. La transmission est sans parole, mais extrêmement profonde et forte.
Le silence n’est pas du calcul ni une tactique, même moraliste, du type « je me tais mais je n’en pense pas moins ». Ce serait du silence-calcul, celui du jeu d’échec, qui n’est pas celui du pratiquant du zen.
Je ne peux pas passer sous silence le silence dont parlent les Koanx (une expression qui apparait comme mystérieuse sou contradictoire, mais qui a comme finalité que lorsqu’on l’a pose au disciple il se trouve dans un tel embarras mental que lorsqu’il interpelle les ressources du mental, celui-ci ne répond pas. C’est aussi une manière de laisser tomber le mental pour le rendre silencieux. Le mental signifiant toutes les manigances de l’intellect.
Voici quelques koans :
- Le monde est si vaste, pourquoi répondez-vous à une cloche et revêtez-vous des robes de cérémonie
- Pourquoi l’éveillé ne prend-t-il pas la parole pour s’expliquer ?
- Un classique : si on connait le bruit de deux mains qui applaudissent, quel est le bruit d’une seule main ?
- Ecoutez le silence du son de la cloche
- Sans parler, mais sans être silencieux, comment puis-je exprimer la vérité
- Sans mots mais sans absence de mots, me diras-tu la vérité ?
Une fois que l’on a passé cette dimension importante du silence-ressource, qui est faire du silence (on sent bien que c’est une des motivations des nouveaux pratiquants qui viennent pour la première fois), on souhaite que le silence se fasse, notamment à l’intérieur.
Evidemment, une fois que cette ressource a été mise en œuvre, le silence devient communication.
Toute cette semaine, après les zazen, j’ai répété comme une ritournelle, que tout ce qui s’élève dans l’esprit est sans importance, sans réalité et ce point amène de nombreuses questions. A mes yeux c’est un constat très important à faire : on parle de façon très superlative de la notion d’éveil. C’est juste ce rendre compte de ça, c’est juste ouvrir les y yeux sur la réalité lorsque, dans le silence de l’introspection, que l’on peut comparer à un scanner ou une radiographie qui sont toujours silencieux. C’est cette attention portée à l’étude, à l’observation sans commentaire. Alors on analyse, on dévisage, on a les yeux ouverts.
On ne peut pas avoir les yeux ouverts lorsqu‘on a la tête avec du fatras, du bruit, des préoccupations, du bruit émotionnel.
Il ne s’agit pas de dire « je vais devenir une sorte d’insensible » au contraire, c’est la justement que le zen, dans la deuxième étape de communication, c’est l’image de Kanon qui, est l’énergie du boddhisattva c’est à dire l’énergie de la compassion, c’est un être qui a 1000 yeux, 1000 oreilles, 1000 bras, qui entends les pleurs et les gémissements du monde et comme il n’est pas insensible, il a 1000 bras pour aller aider ceux qui souffrent . C’est l’idéal du boddhisattva, qui est évidemment une figure symbolique, mais lorsque le silence se fait, en fait c’est un silence qui permet d’écouter, de voir, d’entendre. Même si on ne pratique pas, on expérimente ces silences pour apprécier des œuvres d’art dans des musées, pour apprécier les beautés de la nature, un océan. Ces silences sont une forme de communication. On apprécie les œuvres d’art, la nature, l’océan, dans cette dimension ou on a fait du silence, certains diraient du vide, non pas le vide au sens du rien, mais le vide où l’on a fait de la place, ou l’on se rend disponible.
Pour finir, « Dans ce silence retrouvé, sans l’aide de paupières à nos oreilles, nous pouvons regarder différemment, voir la réalité telle qu’elle se manifeste, sans aucune pollution venue de nos craintes, de nos angoisses, de nous soucis, de nos désirs , de nos ambitions de nos dominations arbitraires, de nos stéréotypes, de nos narcissismes, de nos principes, de nos préjugés, de nos moules et de nos modèles, autant de paramètres perturbateurs d’une vision claire de la réalité.
Il est très important de se souvenir ce silencieux lac de montagne qui reflète la totalité du ciel, à condition qu’il soit calme, mais qui est aussi transparent. Le silence est cette transparence qui permet de voir le fond du lac, le fonds des choses.
Le silence du zen n’est évidement pas pour apprendre à se taire, se murer sur soi-même dans un mutisme, mais au contraire pour apprendre à écouter et à voir. On recherche le silence pour entendre les autres et cesser de s’écouter soi-même.
Questions
Pourquoi peut-ton ne pas vouloir faire silence. Pourquoi veut-on se divertir ? Certains débutants ont une aspiration au silence ; mais on peut être dans un mouvement inverse et ne surtout pas faire silence. Par exemple, je veux aller à un festival ou aller à un match. Je rentre chez moi, je ne veux surtout pas de silence.
Réponse :
Je pense qu’il y a les deux dimensions ; celle du ressourcement: lorsqu’on a trop de bruit, on a besoin de silence. Une des motivations pour arriver à la pratique est de sentir ce trop-plein de bruit.
Mais il est certain, maitre Nishijima le répétait souvent, le divertissement est le propre du jeu d’enfant. Et, un peu pessimiste, il disait que l’état de maturité du monde était proche de l’enfance.
Si on éprouve le besoin de se divertir, ca veut dire, soit qu’on a trop chargé la bête avec un travail trop intense et on éprouve le besoin de se changer les idées. Le besoin du divertissement c’est ce qu’on appelle un désir mondain. C’est s’amuser, c’est un moment de sa vie. Ce n’est ni bien ni mal : ça fait partie de l’évolution, de la maturation de l’être. Je ne suis pas certain d’ailleurs que la personne qui souhaite se divertir soit hostile au silence. Face à la vraie question elle regarde ce qu’elle a sous la main comme solution pour se distraire. S’il y a quelque chose on se distrait, on se met ailleurs, on change. Quelque-chose était trop pesant? Qu’on me permette un peu de frivolité, un peu de légèreté. Je n’ai pas à juger ça. Il est certain que l’aspiration au silence peut être ne pas être si facile que ça. Le véritable silence, a une forme de verticalité. Dans une tradition philosophique, on parle d’un silence vertical, il s’applique à l’Apprenti Franc-Maçon. Le pratiquant du zen met au cœur de sa pratique, la verticalité silencieuse, non pas comme une théorie, mais comme une pratique.
Ce n’est pas seulement « je me tais pour ne rien dire et apprendre des autres », mais je ma tais aussi à l’intérieur et je regarde ce qui se passe lorsque j’arrête le commentaire.
Mais si la motivation n’est pas celle-ci, parce que l’on n’est pas dans cette dynamique, on peut avoir envie en effet en de se divertir et de ne pas être aspiré par le silence. C’est probablement, que l’on n’a pas assez souffert si je puis dire… Je suis là un peu provocateur.
Le divertissement ne semble pas relever de la motivation d’un pratiquant du zen. Cela ne veut pas dire que l’on n’ait pas besoin de temps en temps de se changer les idées ; je ne suis pas dans un code moraliste, mais la motivation, l’aspiration à la discipline du silence c’est l’aspiration et la discipline à s’ouvrir directement sur sa nature profonde. Cette nature profonde a été évoquée récemment par Mathieu Ricard, qui est sous les feux de la rampe suite à son dernier ouvrage sur l’altruisme et la compassion : il est certain que celui qui est motivé par sa propre distraction n’est pas très motivé par l’altruisme, il est surtout motivé par son propre contentement individuel.
Cela peut être un obstacle très fort : on voit chez de nombreux pratiquants qui débutent, combien il n’est pas simple du tout de ne pas rêvasser et de ne pas être distrait. Le pratiquant au départ dans cette discipline est comme dans une sorte de lessive avec un tambour qui tourne. Les temps de pratique ne sont pas forcément agréables. On peut avoir à décoller des attachements, des ruminations.
Prenons la dimension thérapeutique de la méditation. Tout ce qui est syndrome post-traumatique : une violence, un stress, une agression, quelle qu’elle soit : on sait très bien que c’est revécu dans le champ du mental comme une rengaine, une rumination et le volontarisme de vouloir le supprimer est complètement impuissant. En effet pour reprendre la question, la réponse à un stress traumatique pourrait être dans le champ de la diversion : je fais diversion ; je ressens qu’il faut avoir un divertissement en raison de ce stress post traumatique.
On est alors souvent sur une thérapie ou une technique, ce que zen n’est pas, je le rappelle, même si cela a des effets éminemment bienfaisants, dont toute la littérature maintenant se fait écho, ce qui contribue à faire que cette pratique se diffuse et augmente en nombre et en intérêt et aussi en notoriété. Cependant, je le rappelle souvent, nous sommes des pionniers. Il ne faut pas oublier qu’on est très peu nombreux, on est une poignée. Ce qui est proposé est évidemment moins sexy qu’un divertissement, mais en même temps, on n’ouvre pas les mêmes portes.
Avec le livre le Philippe Martin, « La voie zen pour guérir la dépression » nous ne sommes plus vraiment dans une approche tellement Mushotoku…
Réponse :
C’est vrai, mais le boddhisattva n’est pas mushotoku : il se sent concerné pour libérer les souffrances. Lorsqu’on me demande si je suis mushotoku, je réponds que je ne suis pas du tout mushotoku. Je me sens profondément concerné par le fait de témoigner que cette pratique existe et d’ailleurs quand j’ai rencontré Nishijima et qu’il m’a donné la transmission, dans les jours qui ont précédé, il m’avait déposé sur mon lit son bouquin et avait dédicacé en anglais, avec une écriture d’écolier : « à Jean-Marc Bazy pour qu’il transmette le « true Buddhism », le vrai bouddhisme, en France et dans le monde entier ». Et quand j’avais lu ça je me suis dit «ben dis donc, j’ai un de ces boulot » !
Donc il est toujours important de se rappeler que la pratique elle-même est sans attente et que par rapport à la ressource, si on attend un effet de la pratique on serra toujours dans cette dimension du mental et de ses manigances, qui court après un objectif. Il est vraiment très important et c‘est une des raisons pour lesquelles j’insiste là-dessus : la pratique est sans commentaire. A cet égard, le silence est très important, car le silence est aussi le silence du commentaire. Je donnais cet exemple de pratiquants, qui lorsqu’ils se lèvent se frottent les jambes et se disent « j’ai eu des fourmis ». Ou encore dans la pratique on a envie de se gratter, de tousser, de renifler. Lorsqu’arrive cette irritation, l’antidote est vraiment de rentrer dans l’accueil silencieux. Ce n’est pas une non-réaction, c’est une dimension plus grande de la sensibilité ; ce n’est pas faire un cœur de pierre, c’est ouvrir son cœur pur, c’est accueillir même ce qui nous dérange. J’insiste beaucoup, car c’est souvent quelque chose qui n’est pas très bien compris.
Comme dit Brad Warner la pratique c’est « sit and shut up » tu t’assieds et tu ne dis rien; pas seulement avec ta langue, mais aussi avec ton mental. Cela ne veut pas dire encaisse et devient un cœur de pierre avec un estomac en béton. On contraire, rends toi disponible, y compris à ce qui fait mal. Comment peux-tu comprendre la souffrance du monde si tu cherches à économiser la tienne, à te mettre sous cloche ?
Le silence dans la discipline du zen est parfois un peu exigeant, aride: ce n’est pas nécessairement toujours une partie de plaisir au sens où on l’entend.
Mais c’est aussi du silence par rapport à du désagrément ou part rapport à une sensation de plaisir. C’est ne verser ni dans l’un ni dans l’autres : être ouvert à tout sans être dupe de rien.
Au fond qu’est ce qui est intéressant ; devenir dépendant de ce qui se passe dans le chahut du mental, ou être dans la maitrise du mental ?
Dans la maitrise du mental, la ressource profonde c’est le silence. Mais c’est ce silence du « je m’abstiens de quelque commentaire que ce soit » : ainsi je m’ouvre, je regarde j’écoute, j’entends, j’observe, de façon vigilante, concentrée.